Isolant végétal : pourquoi et comment choisir ce matériau biosourcé ?

Faire le choix d’isoler avec un matériau biosourcé d’origine végétale ou fibreux est clairement une démarche écologique. Mais pourquoi et comment choisir son isolant végétal ? Voici quelques éléments de réponse …

  1. Qu’est-ce qu’un isolant végétal ?
  2. Quels sont les avantages d’un isolant végétal ?
  3. Comment choisir son isolant végétal ?
    1. 1 – Sur quel type de bâti vais-je poser l’isolant ?
    2. 2 – Quel est l’environnement du bâti ?
    3. 3 – Dois-je poser l’isolant en intérieur (ITI) ou en extérieur (ITE) ?
    4. 4 – Quel format d’isolant avez-vous besoin ?
    5. 5 – Quelles performances souhaitez-vous atteindre ?
    6. 6 – Quel budget pour l’isolation ? 

Qu’est-ce qu’un isolant végétal ?

Dans la gamme des matériaux d’isolation, on trouve d’abord la classe des éco-matériaux qui comprend les isolants biosourcés et recyclés. Dans la sous-catégorie des biosourcés, l’isolant végétal se présente comme le plus naturel de tous. Tout simplement parce qu’il comprend essentiellement des fibres d’origine végétale qui n’ont nécessité que peu de transformation pour la fabrication de l’isolant.

De nombreux types de végétaux sont aujourd’hui utilisés ou expérimentés pour la conception de ces isolants. Les plus populaires d’entre eux sont les co-produits du blé, du lin ou du riz sous forme de paille et le chanvre dont on extrait la chènevotte. D’autres végétaux sont également très prisés en isolation tels que le liège, le bois (en laine ou fibre) et même l’herbe (récupérée de nos bas-côté). Plusieurs végétaux sont actuellement testés pour leurs qualités isolantes comme le miscanthus ou le mycélium (un champignon).

La façade de l'internat du lycée agricole Xavier-Bernard de Venours à Rouillé (86)<br /> © Laurence Bussy/Région Nouvelle-Aquitaine

On retrouve ces isolants naturels sous différents formats et selon leur usage (voir tableau plus bas) :

  1. Les fibres végétales en vrac : à insuffler dans des combles perdus, à mélanger à des enduits correcteurs ou torchis, ou à épandre en plancher.
  1. Les panneaux souples et semi-rigides : soit à fibre 100 % d’origine naturelle ou hybrides (diverses sources), ils sont destinés à une isolation de parois intérieures, de sous-toiture ou éventuellement de plafonds ou de combles perdus (entre chevrons).
  1. Les panneaux rigides : conçus principalement pour une isolation extérieure ou en sous-toiture, ces isolants sont particulièrement résistants et faciles à mettre en œuvre.
  1. Les blocs isolants : idéal pour des murs anciens (pierre, brique), facile à poser (par emboîtement), on les utilise soit en isolation de murs intérieurs, soit comme remplissage de murs porteurs (structure bois ou béton).

A savoir : 2/3 des logements ont été construits avant 1974 alors qu’il n’existait aucune réglementation thermique. Selon le type d’isolation réalisé, il est possible de gagner de 5 à 60% de consommation d’énergie. Isoler sa toiture est le poste qui permet de réaliser rapidement le plus d’économies.

Perte-chaleur-maison-avant-1974-source-ademe

Quels sont les avantages d’un isolant végétal ?

Avant tout, un matériau d’origine végétal est un puits de stockage carbone, ce gaz à effet de serre si néfaste au climat. Tant que l’isolant sera en place, ce carbone sera stocké, ce qui fait que certains isolants présentent un bilan carbone positif. Comme ils sont souvent issus de ressources d’origine locale et renouvelable, leur transport impacte beaucoup moins. Et si, en plus, ils ne nécessitent que peu de transformations pour leur fabrication, c’est encore mieux !

L’autre particularité, qui en fait un isolant écologique, c’est qu’il est recyclable. En fin de vie, la plupart de ces isolants peuvent être soit réemployés tels quels, soit être compostés naturellement. Évidemment, plus il y a de matières non biosourcées dans l’isolant, moins il sera facilement recyclable.

L’origine végétale de ces isolants offre l’intérêt d’être beaucoup plus sain pour nos intérieurs. Ils n’émettent pas d’agents pathogènes ou allergènes aussi bien au moment de leur mise en oeuvre, que durant toute leur durée de vie. Pour limiter la propagation au feu et l’invasion de certains insectes ou rongeurs, ou le développement de champignons on peut encore trouver dans quelques isolants une quantité, négligeable, respectant les normes légales européennes, des produits chimiques (antifongique, ignifugeant,…) mais qui tendent de plus en plus à devenir naturels.

Ces isolants végétaux offrent l’énorme avantage d’être un régulateur hydrique de votre humidité. En effet, nous produisons tous, naturellement, au quotidien, de la vapeur d’eau en cuisinant ou en se lavant (2,5 l/ personne/jour). Elle peut s’évacuer par un système de ventilation. Mais pour obtenir un confort thermique idéal, il faut garder un taux d’humidité relative (HR) minimum dans l’air (de l’ordre de 40 à 60 %). Les isolants végétaux permettent de réguler cette hygrométrie en cas d’excès et de la restituer quand l’air est trop sec à l’intérieur.

Si ces avantages écologiques et sanitaires portent les isolants végétaux comme de véritables alternatives aux matériaux conventionnels, notamment issus de la pétrochimie, leurs caractéristiques techniques ne sont pas en reste. A commencer par son déphasage thermique : “il s’agit du temps nécessaire pour qu’une calorie transite d’une face à l’autre d’un matériau ou d’une paroi”. Il est exprimé en heure. Plus son temps est long, meilleure sera la capacité de l’isolant à résister à la chaleur. Or, la majorité des isolants d’origine végétale présente un déphasage supérieur à 8H, alors qu’un isolant conventionnel, comme la laine de verre, entre 3 et 4 heures, à épaisseur égale ! Un atout pour le confort d’été.

Par ailleurs, les isolants d’origine végétale sont aussi reconnus pour leurs performances acoustiques.

Il est à noter que si ces isolants naturels présentent de nombreux atouts, les pathologies les plus fréquentes connues sont principalement liées à leur mise en œuvre. Il est donc important de bien lire la fiche technique (le CCTP – Cahier des clauses techniques particulières), mis à disposition par les magasins et fabricants, de chacun des isolants avant leur pose.

A noter : pour limiter les risques lors de la pose de l’isolant, vous pouvez aussi vous référer au Guide de l’AQC (Agence Qualité Construction) qui présente 12 enseignements clés tirés des retours d’expérience sur les matériaux biosourcés.

Comment choisir son isolant végétal ?

Maintenant que vous êtes convaincus par l’intérêt d’opter pour un isolant végétal, il vous faut désormais faire votre choix parmi une gamme relativement étendue de matériaux, qui présentent tous des particularités adaptées à votre besoin.

Voici les 6 questions à se poser pour faire le bon choix d’un isolant d’origine végétale :

1 – Sur quel type de bâti vais-je poser l’isolant ?

Que vous ayez une maison en brique de terre cuite, un appartement dans un bâtiment en pierre, une dépendance couverte d’ardoise ou un garage en parpaing, le choix de l’isolant peut différer d’un bâti à l’autre. Fort heureusement, la majorité des isolants d’origine végétale sont compatibles avec la plupart des matériaux. C’est donc sur l’usage que cela va différer. (voir point 4 ci-dessous)

2 – Quel est l’environnement du bâti ?

Déterminer l’exposition d’un bâtiment, c’est aussi bien connaître ses atouts et ses faiblesses. Une paroi ou un mur exposé au nord n’aura aucun apport solaire. Il nécessite donc une isolation un peu plus importante pour limiter les pertes de calories. A l’inverse, plein sud, les murs bénéficient du soleil en hiver. Attention toutefois aux capacités d’inertie de la paroi : un mur en parpaing ne conserve pas la chaleur, il faut donc compenser par un isolant à fort déphasage ou ajouter des matériaux à forte inertie. En outre, cela vous permettra de gagner en confort d’été.

Autre point de vigilance : l’humidité. Si les parois présentent des tâches d’humidité ou des traces de moisissures, il convient de bien déterminer leur origine avant la pose de tout isolant. Remontée capillaire, mur extérieur enduit au ciment, manque de ventilation, les causes peuvent être multiples. Faire appel à un professionnel spécialiste du sujet est vivement recommandé.

3 – Dois-je poser l’isolant en intérieur (ITI) ou en extérieur (ITE) ?

Pour l’isolation des parois extérieures, il est souvent préférable de poser l’isolant à l’extérieur. Cela présente l’avantage de couper tous les ponts thermiques, ces points de jonction où l’isolation n’est pas continue, qui provoquent des fuites de chaleur dans les parois. Ils se situent le plus souvent aux jonctions des façades et planchers, façades et refends, façades et toitures, façades et planchers bas ou aux appuis de fenêtres. Cette isolation extérieure offre également l’avantage de gagner de l’espace en intérieur, ce qui peut être pratique notamment pour des combles. On privilégiera alors une pose en sarking.

Toutefois, il n’est pas toujours possible de poser l’isolant en extérieur, faute d’espace ou pour préserver la qualité d’une façade. L’isolation intérieure s’impose alors.

4 – Quel format d’isolant avez-vous besoin ?

Tout va dépendre de la destination de l’isolant et des contraintes techniques. Voici quelques exemples :

Applications  rampant
toit
comble
perdu
cloison et
mur intérieur
mur
extérieur
plancher
haut & bas
 Types isolants vrac, panneaux
semi-rigides, rigides
vrac ou
semi-rigide
semi-rigide
ou blocs
vrac,
panneaux
semi-rigides,
rigides, blocs
vrac, rigide
ou semi
rigide
 Chènevotte Isocana
dans béton de chanvre 
x x x x x
 Granulat en Béton
de chanvre HL Mix
x x x
 Bloc de chanvre Isohemp
Multichanvre
x x x
 FIbre de Bois Rigide Steico Isorel –
Steico Phaltex – Steico Base
x
 Fibre de Bois Rigide Steico Integral
– Gutex Omnitherm
x x
 Laine d’herbe
Gramitherm
x x x x x
 Laine de bois Steico flex
– Gutex Thermoflex
x x x x x

 

La technique d’isolation va avoir aussi une incidence sur le choix de la finition. Ainsi, si vous souhaitez ajouter un enduit ou une peinture naturelle, certains supports nécessitent l’ajout d’un apprêt pour une meilleure accroche. A penser dans votre budget.

5 – Quelles performances souhaitez vous atteindre ?

On entre là dans des considérations techniques que nous avons déjà détaillées dans notre dossier sur le confort thermique. Pour résumer :

Le Lambda (coefficient de conductivité thermique)

C’est le paramètre communément utilisé pour comparer les isolants. Il détermine la capacité de l’isolant à conduire la chaleur : plus il est petit, plus le matériau est isolant. Les matériaux isolants courants ont un λ compris entre 0,025 et 0,05 W/m.K.

La résistance thermique de l’isolant

C’est le R : plus il est grand, plus l’isolant est performant. Exprimé en m².K/W, il est égale au rapport de l’épaisseur sur la conductivité thermique du matériau. Ce R sera déterminant pour l’obtention de certaines aides, avec une exigence souvent supérieure à 5.

Ce sont les 2 paramètres les plus affichés sur le produit. Ils ne sont cependant pas suffisants pour juger de la qualité technique et de la pertinence de l’isolant pour votre cas. En effet, dans certaines conditions de températures (au delà de 27°), il n’est pas possible de mesurer le lambda d’un isolant. En outre, un des paramètres importants, pour évaluer la qualité du confort thermique d’un habitat, est l’humidité relative. On va donc s’intéresser à d’autres critères techniques…

La perspirance de l’isolant (perméance, sorption et désorption)

C’est la faculté d’un matériau à laisser migrer l’humidité (à l’état de vapeur d’eau) à travers son épaisseur. Elle dépend de la résistance dudit matériau à cette migration, exprimée par la valeur µ (mu). Cette capacité est nécessaire pour évacuer la vapeur d’eau générée par les occupants dans une habitation.

La densité de l’isolant (lors de sa mise en œuvre)

C’est le poids volumique une fois mis en œuvre. On le détermine: kg/m3.

Plus un matériau comporte de kg au m3, plus, il pourra stocker de calories. Or, cette forte densité améliore l’inertie, qui participe à la stabilisation de la température intérieure et ainsi décélère la baisse de température suite à l’arrêt du chauffage. Cette densité va aussi influer sur le déphasage (voir plus haut), primordial pour le confort d’été.

6 – Quel budget pour l’isolation ?

Il est assez facile de déterminer le coût d’un isolant en multipliant la surface nécessaire à isoler par le prix de l’isolant au m² (selon son épaisseur). A cela il faut souvent ajouter les accessoires de pose, qui peuvent parfois représenter un budget non négligeable.

Mais cet investissement sera t-il rentable ? C’est-à-dire, quelles économies d’énergie vais-je réaliser et combien de temps me faudra-il pour amortir cette économie sur l’achat et la pose des matériaux ? Et quelle sera la durée de vie des isolants ?

Il est vrai que la plupart des isolants d’origine végétale ont des prix un peu plus élevés. Sauf qu’ils présentent une durée de vie bien plus importante que les matériaux conventionnels, avec la particularité d’être recyclables en fin de vie. En outre, leurs caractéristiques techniques apportent un confort inégalable. Alors, cela ne vaut-il pas le coût de dépenser quelques euros supplémentaires au m² pour gagner en tranquillité sur la durabilité et la qualité ? Dans la plupart des cas, oui !

Le Saviez-vous ? Chaque isolant comporte des certifications. Le marquage CE, qui indique que l’isolant satisfait aux exigences de la directive européenne des produits de construction. La certification Acermi, réalisée en France, complète le marquage CE et tient compte des normes européennes ou du classement ISOLE. Il donne l’aptitude à l’emploi du produit. Toutes les caractéristiques déclarées sont certifiées : a minima la résistance thermique, la conductivité thermique, le comportement à l’eau et parfois la réaction au feu.

Pensez aux aides à la rénovation

Dans le cadre d’une rénovation thermique, de nombreuses aides peuvent être proposées par l’Etat (Ma Prim Rénov’, TVA, …), la région et d’autres acteurs privés (CEE). Des prêts bancaires à taux zéro peuvent aussi compléter le financement. Toutefois, il faudra passer désormais par un accompagnateur Rénov’, et la réalisation d’un audit énergétique pour évaluer les travaux à réaliser et obtenir ces aides. Le recours à un professionnel labellisé RGE sera aussi nécessaire pour la pose de l’isolation.

Au final, l’isolant végétal est une solution adaptée pour la plupart des besoins en isolation, que ce soit pour des rampants de sous-toiture, des combles perdus, les parois intérieures ou extérieures, le plancher bas, il y aura toujours une solution. Leurs caractéristiques écologiques et techniques répondent à toutes les exigences qu’on peut en attendre. Et vous y gagnerez en confort thermique au quotidien, hiver comme été.

Toutefois, rien ne vaut le conseil d’un vendeur professionnel en magasin spécialisé pour faire le bon choix de votre isolant d’origine végétale. Enfin, n’oubliez pas que la pose par un professionnel vous donne droit à des aides qui peuvent couvrir une bonne partie de votre investissement en isolation naturelle.

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