Présents dans le bâtiment depuis des décennies, ils inondent le marché des matériaux conventionnels grâce à leur puissance industrielle et commerciale. Bien qu’utiles pour améliorer l’isolation d’une habitation, ils présentent aussi des défauts qu’il est important de bien comprendre avant de faire le choix de son isolant.
Qu’est-ce qu’un isolant conventionnel ?
Un isolant conventionnel est un matériau utilisé pour réduire la transmission de chaleur ou de froid à travers les parois d’un bâtiment. Son objectif principal est d’améliorer l’efficacité énergétique d’un bâtiment en réduisant essentiellement les pertes de chaleur.
Les isolants conventionnels sont classés en 4 catégories :
- les laines minérales (laine de verre ou laine de roche);
- les polystyrènes expansés (PSE) ou extrudés (PSX);
- les mousses et panneaux de polyuréthane (PUR) ;
- les isolants minces multicouches réflecteurs (IMR).
Ces isolants conventionnels sont majoritairement appliqués en comble, en plancher, en sous-rampants, ou sur les murs à l’intérieur, comme à l’extérieur. Ils réduisent la conduction de la chaleur à travers les matériaux et peuvent également offrir une certaine résistance à la convection et à la radiation thermique.
Ces matériaux conventionnels sont donc largement répandus dans la construction résidentielle. Fabriqué à l’échelle industrielle, leur coût est aussi très compétitif du fait d’un réseau de distribution beaucoup plus présent. On peut donc les trouver dans la majorité des magasins de bricolage.
Pourtant, malgré leurs prix compétitifs, ces isolants conventionnels ne présentent pas que des avantages, surtout quand on cherche à faire des travaux durables et rentables.
Les défauts des isolants conventionnels
Si individuellement, chacun de ces isolants présentent de bonnes caractéristiques techniques, ils comportent aussi des défauts communs, qu’il est important de prendre connaissance avant de faire le choix de sa technique d’isolation.
De potentiels polluants pour votre intérieur
Si, en apparence ces isolants présentent des étiquettes sanitaires convenables, dans la réalité, ces matériaux se révèlent nocifs dans certains cas :
- à haute température (canicule) : ils libèrent des COV toxiques pour la santé
- en cas d’incendie : la toxicité des fumées émises peuvent être létales
- en cas de tempête ou inondation : on retrouve les résidus des isolants dans la nature, qu’ils vont polluer irrémédiablement !
Certains de ces isolants sont fabriqués à partir de matériaux pétrochimiques qui contiennent aussi des polluants qui se répandent dans vos intérieurs.
Des qualités hydrofuges incompatibles avec certains matériaux
Certains de ces matériaux se vantent d’avoir des pouvoirs hydrofuges, c’est-à-dire d’être parfaitement étanches à l’eau. Soit ! C’est certainement utile dans certains cas, comme une salle de bains ou une cuisine, si vous prévoyez une bonne ventilation pour évacuer l’humidité en excès.
Par contre, c’est complètement incompatible avec certains matériaux naturels comme le bois, la pierre ou la terre (pisé, torchis). En effet, il est indispensable que ces matériaux puissent évacuer l’humidité présente à la fois dans les parois et dans l’air, sous forme de vapeur d’eau.
C’est ce qu’on appelle la perspirance, cette capacité à réguler l’eau à travers les parois.
Donc, majoritairement, ces isolants sont à proscrire sur les parois de maisons anciennes (avant 1948) pour éviter que les parois ne pourrissent avec le temps.
Des isolants conventionnels difficilement recyclables
Toutes les marques de ces isolants conventionnels se félicitent d’avoir organisé des filières de recyclage pour leur isolant. C’est vrai dans la théorie, mais dans la pratique cela pose beaucoup de problèmes.
Beaucoup de ces matériaux sont « intriqués », scellés, collés, fixés entre eux, et les trier est un casse-tête. Ces matériaux sont intrinsèquement liés et qu’il est difficile, voire impossible, de les séparer sans causer des dommages ou altérations significatifs. Ainsi, le polystyrène est souvent fixé sur des parois, avec des produits eux-mêmes polluants (colles ou mortiers), qu’il est difficile de séparer. Le polyuréthane (en mousse notamment) est très difficilement dissociable de son support sans l’endommager et donc générer des résidus qui finiront dans l’environnement.
Par ailleurs, le processus de recyclage de ces déchets est lui aussi très polluant. De la collecte des déchets jusqu’à la fabrication de l’isolant, les transports peuvent être nombreux et les besoins en ressources pour trier et traiter les déchets seront importants. C’est le cas notamment des laines minérales. Au point même que certains matériaux recyclés présentent un bilan carbone supérieur à des matériaux fabriqués “neufs”. Quel intérêt ?
La médiocre inertie des isolants conventionnels
L’inertie thermique d’un matériau isolant fait référence à sa capacité à stocker et à libérer de la chaleur de manière retardée. Cela signifie que le matériau a la capacité de modérer les variations de température à l’intérieur d’un espace en absorbant, conservant et libérant la chaleur de manière progressive.
Les matériaux isolants dotés d’une bonne inertie thermique peuvent aider à stabiliser la température intérieure d’un bâtiment en réduisant les fluctuations de température. Ils absorbent l’excès de chaleur pendant les périodes chaudes et la restituent progressivement lorsque la température diminue, ce qui permet de maintenir une température plus constante à l’intérieur.
Or, majoritairement ces isolants conventionnels présentent assez peu d’inertie thermique, du fait de leur faible masse volumique.
Cette inertie est pourtant utile pour réguler les variations de température, améliorer le confort thermique, été comme hiver, et donc réduire la dépendance aux systèmes de chauffage et de climatisation, très consommateurs d’énergie !
Le mauvais bilan carbone de ces matériaux conventionnels
Les points ci-avant contribuent à diminuer l’intérêt environnemental de ces isolants à l’usage au quotidien ou à leur recyclage. Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg ! En effet, fabriquer ces isolants demandent des ressources en énergie, généralement fossiles (pétrole et gaz) très importants. On connaît désormais leur impact sur le réchauffement climatique.
A cela, il faut ajouter l’impact lié à l’extraction des ressources minières et pétrolières nécessaires à ces matériaux. Sans parler de leur transport (parfois de milliers de kilomètres), ils ont un impact sur l’environnement et la biodiversité, car ils sont extraits dans des mines très consommatrices en eau et en polluants divers (métaux lourds, cyanure et autres produits chimiques).
Tableau du bilan carbone des matériaux
Matériaux | Bilan Carbone kCO2eq/UF * |
Densité kg/m3 |
Lambda max W/mK |
polystyrène extrudé (PSX) | 23 | 25 à 40 kg | 0,022 |
laine de roche-haute densité | 21 | 25 à 70 kg | 0,033 |
polyuréthane | 20 | 20 à 50 kg | 0,030 |
laine de verre | 13 | 15 à 40 kg | 0,035 |
laine de coton recyclée | 1 | 18 à 25 kg | 0,039 |
laine de chanvre | -7 | 30 à 50 kg | 0,038 |
panneau fibre de bois | -7 | 140 à 270 kg | 0,040 |
ouate de cellulose | -10 | 40 à 65 kg | 0,040 |
panneau liège expansé | -31 | 105 à 150 kg | 0,038 |
botte de paille de blé | -31 | 80 à 120 kg | 0,045 |
* pour 1 m2 d’isolant à R=5m².K/W (source La Maison Ecologique)
Et ce n’est que le bilan carbone, on ne parle pas ici de l’impact environnemental : pollutions, besoins en eau, épuisement des ressources, etc…
Alors maintenant, quand vous choisirez un matériau conventionnel, vous ne regarderez plus seulement son prix, mais aussi son impact environnemental, sanitaire et sur le bâti !
Quelles sont les alternatives aux isolants conventionnels ?
Comme vous pouvez le voir dans le tableau précédent, vous avez quelques indications sur les isolants alternatifs à ces matériaux conventionnels. Ce sont, ce qu’on appelle des matériaux biosourcés, qui se classent en 2 catégories :
- Les isolants d’origine végétale et animale
Ce sont des matériaux réalisés à partir de fibres d’origine végétale et qui ont nécessité peu de transformation.
On y trouve les co-produits du blé, du lin ou du riz sous forme de botte de paille et de chanvre dont on extrait la chènevotte. Ce sont aussi le liège (en vrac ou panneau), le bois (en laine ou fibre) et même l’herbe (récupérée de nos bas-côté). D’autres végétaux sont actuellement en test pour leurs qualités isolantes, comme le miscanthus, le mycélium, le marc de raisin, les algues. Concernant les isolants d’origine animale, le plus répandu est la laine de mouton.
- Les isolants recyclés
Ce sont des matériaux ayant nécessité une transformation à partir d’une ressource principale issue de produits ayant le plus souvent une origine végétale.
Les 2 principaux isolants recyclés sur le marché aujourd’hui sont la ouate de cellulose, réalisée à partir de papier recyclé, et la laine de coton, réalisée à partir de textile recyclé. On recycle aussi les bouteilles en verre pour en faire du verre cellulaire (en plaque ou granulat) et le liège à partir des bouchons. D’autres matériaux sont aussi ici en phase de validation, comme le cuir, le carton ou le plastique.
Il ne manque donc pas de solutions alternatives aux matériaux conventionnels pour réaliser une isolation performante, saine et durable. Ce qui peut faire la différence dans votre choix, c’est la proximité de fabrication de ces isolants avec le lieu de votre projet. Dans tous les cas, se passer des matériaux conventionnels, c’est faire un choix pour l’avenir, pour l’environnement et la préservation de votre bâtiment.
Crédits Photos : Tima Miroshnichenko, Fulvio Pessi, MART PRODUCTION, Alex FU de Pexels
Vous trouverez tous les conseils pour le choix de votre isolant auprès des professionnels du réseau Nature & Développement.
Pourquoi n’avez vous pas cité les inconvénients des isolants biosourcés ?
– Impossible à recycler du fait des liants chimiques qui les composent.
– certains comme le bois peuvent être dangereux pour la santé sa poussière étant classée cancérogène …
Un oubli certainement …
Bonjour Olivier,
Merci pour votre question. Voici quelques éléments de réponse…
Sur la recyclabilité des matériaux biosourcés :
Il est vrai que la majorité des isolants aujourd’hui, sont assez peu ou très mal recyclables, pas seulement du fait de leurs composants, d’ailleurs. Ainsi, pour ne pas pénaliser leur bilan carbone, les fabricants laines de verre ont fait le choix d’enfouir leur matériau en fin de vie dans leur fiche DES, alors que dans la réalité, elle le recycle en partie (ce qui modifierait leur bilan carbone).
Certains fabricants ont fait le choix de liants d’origine biosourcée ou minérale (chaux, ciment), mais dans la majorité ce sont des liants chimiques (fibre de polyoléfine ou résine polyuréthane, par exemple).
Cependant, tous respectent les normes européennes.
En fin de vie, certains matériaux biosourcés sont incinérés puis utilisés dans des intrants agricoles. D’autres, sont sans liants, comme le chanvre ou la paille, et sont donc complètement compostables sur place.
Toutefois, certains isolants contiennent des adjuvants biocides (de type bactéricide et fongicide). Ceux-ci peuvent effectivement être toxiques, mais à un certain niveau de concentration dans l’air. Or, la majorité de ces fabricants ne dépassent pas la quantité de 3 à 5% de ces adjuvants, alors que la réglementation les autorisent jusqu’à 5,5%. Vous noterez que peu d’isolants ont un contact direct avec les occupants (encapsulés dans une paroi, au sol, en rampant), ce qui limite aussi les risques pollution. Ces niveaux de quantité des adjuvants aujourd’hui ne permettent pas d’établir des risques sur l’environnement, s’ils se retrouvent dans la nature, contrairement à certains matériaux pétrochimiques (comme les billes polystyrènes qu’on retrouve dans le foie de poisson de mer !).
Vous pouvez d’ailleurs vérifier sur les fiches DES (base Inies) de chacun des fabricants le type de liants et de biocides utilisés.
Sur les poussières de bois :
Là aussi le process de fabrication des fibres et laines de bois a beaucoup évolué pour prendre en compte cette problématique.
Contrairement à l’amiante, ces poussières provoquent assez peu de cancer (de type naso-sinusien surtout). Les industriels ont l’obligation pour protéger leurs salariés de réduire au maximum les expositions aux poussières, en les éliminant par extraction, notamment. Ce qui limite par conséquent aussi leur présence dans le matériau. Des dispositions sont à prendre lors de leur pose (masque, gants) mais les risques restent très limités, contrairement à d’autres fibres.
Au final, il est vrai que les isolants d’origine industrielle présentent parfois des composants pas toujours des plus sains. Mais les fabricants d’isolants biosourcés (notamment ceux qui sont labellisés « produit biosourcé« ) ont tout intérêt à présenter des produits vertueux pour respecter leurs valeurs et leurs engagements.
Chez Nature & Développement, nous mettons un point d’honneur à sélectionner nos fournisseurs et produits, les plus sains et écologiques pour nos clients. »
Pour complémenter ces éléments, une étude du Cerema faite sur de la ouate de cellulose et de la laine de bois (les isolants biosourcés les plus souvent incriminés) confirme l’absence de micro-organismes dans l’air intérieur (d’une école et une mairie), tant que les règles de l’art sont respectées : https://www.cerema.fr/fr/actualites/fin-du-projet-recherche-emibio-isolants-biosources-poses