Etanchéité : quelles solutions pour une isolation performante et durable ?

Pour gagner en efficacité énergétique, il ne fait plus de doute qu’isoler son bâti est une action incontournable. Cependant, isoler n’est pas sans conséquence sur le confort et la qualité de l’air intérieur. Or travailler sur l’étanchéité est devenu un enjeu majeur pour éviter les pathologies, notamment sur le bâtiment ancien en rénovation. On vous explique pourquoi ?

 

Isolation : les points de vigilance (air, vapeur d’eau, eau)

L’isolation a pour vocation de ralentir la perte ou l’entrée de calories. Son efficacité est cependant plus limitée sur certains facteurs extérieurs comme les courants d’air, l’étanchéité à l’eau ou la gestion de l’humidité intérieure.

L’étanchéité à l’air

Mal réalisée, cette étanchéité peut réduire la qualité du renouvellement d’air et surtout le rendement d’une VMC double flux en le divisant par 3 ou 4. Or, si cette ventilation est défaillante, cela peut dégrader l’air intérieur en causant des problèmes d’hygiène et de santé (maladies telles que l’asthme) et, parallèlement, accélérer la dégradation du bâti (condensations aux passages d’air créant des moisissures). A l’inverse, une bonne perméabilité du bâti évite les sensations d’inconfort thermique et procure une bonne acoustique aux occupants.

On trouve le plus souvent ces infiltrations d’air au niveau des raccords entre la menuiserie et l’isolation ou la maçonnerie, le long des dormants mais aussi au niveau :

  • des fissures dans la maçonnerie,
  • des conduits de ventilation et de canalisations,
  • des trappes d’accès au toit,
  • des fentes, trappes pour le courrier,
  • des hottes de cuisine, les cheminées à foyer ouvert,
  • dans tous les réseaux de traversées de murs, plafonds, planchers,
  • et même dans les prises de courant.

Bien étanchéifier un bâti permet également de limiter la propagation de feu. En effet, pour déclencher un feu, il faut 3 éléments : le comburant, le carburant et l’énergie d’activation. Mais leur présence n’induit pas toujours un incendie. Pour que la combustion devienne un feu non maîtrisé, celle-ci doit s’entretenir et se propager : la présence de l’air en est un facteur.

Au final, contrairement à ce qu’on pourrait penser, plus le bâtiment est étanche à l’air mieux les flux de ventilation sont maîtrisables, via une ventilation mécanique, par exemple.

Limitation des ponts thermiques

Le pont thermique est un maillon faible ou une faille dans l’isolation de l’habitation. C’est un endroit dans l’enveloppe d’un bâtiment où les échanges thermiques sont favorisés. Il se produit quand il y a une interruption ou une discontinuité dans la barrière isolante ou un changement de la géométrie de l’enveloppe du bâtiment.

Le pont thermique entraîne des pertes de chaleur, un refroidissement de l’air intérieur, de la condensation et des problèmes d’humidité et de moisissures. Un pont thermique peut se matérialiser au niveau de la façade, du toit, de la dalle, des ouvertures (comme les appuis de fenêtres ou seuils de portes), ou des points de fixation.

Ponts thermiques potentiels - Image Pro Clima

Ponts thermiques potentiels – Image Pro Clima

Avant que l’on ne commence à isoler, les ponts thermiques représentaient environ 10 à 20 % des déperditions totales d’un bâtiment. Maintenant que l’on isole, le pourcentage des déperditions dues aux parois a fortement baissé, et celui des ponts thermiques a augmenté.

Leur traitement est plus facile lorsque l’isolation est réalisée par l’extérieur et nécessite donc une attention particulière pour une isolation en intérieur.

Migration de la vapeur d’eau

Nos intérieurs peuvent être saturés en vapeur d’eau par nos actions quotidiennes, en cuisinant, se lavant, ou tout simplement par notre transpiration (jusqu’à 6L/eau/personne par jour). Cette vapeur d’eau peut s’évacuer mécaniquement grâce à une ventilation simple ou double flux. Toutefois, selon la météo ou la région où on se trouve, le taux d’humidité dans l’air peut être plus ou moins élevé.

fig. : Dans des conditions climatiques standard (20 °C / 50 % d'humidité relative de l'air), le point de rosée est atteint à 8,7 °C. Avec une température de l'air extérieur de -5 °C, la condensation est de 5,35 g/m³ d'air.(source Pro Clima)

fig. : Dans des conditions climatiques standard (20 °C / 50 % d’humidité relative de l’air), le point de rosée est atteint à 8,7 °C. Avec une température de l’air extérieur de -5 °C, la condensation est de 5,35 g/m³ d’air. (source Pro Clima)

En principe, le transfert de vapeur d’eau se fait de l’intérieur vers l’extérieur en période hivernale et inversement de l’extérieur vers l’intérieur en période estivale.

Les désordres qui pourraient apparaître dans l’épaisseur de la paroi sont dus à la condensation de la vapeur d’eau au niveau du point de rosée, l’emplacement de celui-ci dépendant essentiellement de la position de l’isolant (face intérieure ou face extérieure).

La présence d’eau dans le matériau n’est pas nécessairement dommageable si le point de rosée est situé suffisamment proche du parement extérieur de la paroi et peut bénéficier de l’apport solaire et de la ventilation naturelle pour permettre l’évaporation de cette eau de condensation, à condition que le parement extérieur soit capillaire.

Pour un bon confort de vie et limiter les pathologies (allergies, points de rosée, …), il est préconisé un taux d’humidité relative de 45 à 60%. Trop sec, l’air peut provoquer un dessèchement de la peau, des sinus et une gorge irritée, et des démangeaisons oculaires. L’air sec augmente le risque de contracter des infections et d’enflammer les muqueuses qui tapissent les voies respiratoires. Trop humide, l’air intérieur peut avoir des conséquences sur la santé avec des maux de tête, des troubles du sommeil ou des irritations des yeux, du nez et de la gorge, voire la cause de maladies bien plus lourdes.

Or l’isolation peut jouer un rôle de régulateur de cette humidité pour la capter ou la restituer dans l’air. Il faut pour cela que l’isolant et son étanchéité soient compatibles avec son environnement (situation géographique, parois, usages des pièces).

Etanchéité à l’eau (humidité)

L’eau est souvent l’ennemi de l’isolation, notamment lorsque matériau isolant est hydrophobe. Dans ce cas, l’eau finit toujours par s’infiltrer dans le matériau pour le détériorer et donc le rendre inefficace. Il faut donc se protéger des risques liés à l’eau.

Les sources d’infiltration d’eau peuvent être nombreuses :

  • des fissures dans les murs ;
  • des fuites de canalisations dans les parois, sols et planchers;
  • des débordements de gouttières bouchées ;
  • des problèmes d’étanchéité à l’eau (toit, murs, menuiseries…) ;
  • des problèmes de vieillissement de joints (fenêtres, pierres de façade, éviers, …) ;
  • une ventilation défaillante ;
  • un frein vapeur placé au mauvais endroit.

A cela peut s’ajouter des problèmes de vieillissement et de porosité des matériaux de construction (parois, parement, finitions) : s’il n’y a pas de fissure apparente, ils perdent leur imperméabilité, l’humidité pénètre donc plus facilement.

Là aussi les risques sont élevés : pourrissement des matériaux, développement de moisissures, parfois même de mérule, avec risques d’allergies et autres problèmes de santé.

Il convient donc d’être très vigilant lors de la mise en œuvre d’une isolation aux risques potentiels liés à l’eau, en protégeant autant que possible l’isolant sur la partie froide.

De l’intérêt du bon choix de l’isolant

Pour éviter tous ces risques et pathologies potentiels, le choix et la mise en œuvre de l’isolant et de son étanchéité seront donc essentiels.

Pour l’isolant la solution est simple : choisir un isolant biosourcé ! Pourquoi ?

Qu’est-ce qu’un isolant biosourcé ?

Un isolant biosourcé est défini comme un matériau dont une partie des matières premières est issue de la biomasse végétale, animale mais aussi de matières recyclées.

On retrouve parmi ces isolants :

  • les fibres végétales : paille, herbe, chanvre, bois, liège, lin, mycélium, myscanthus
  • les fibres animales : de la laine de mouton ou de plumes de canard ou d’oie
  • les matériaux recyclés : laine de coton, ouate de cellulose ou de carton, le tabac, le verre recyclé, le liège

Ces isolants peuvent être vendus en vrac (pour être soufflé, insufflé ou projeté) ou en panneaux pour un usage adapté : combles perdus, sous-rampant, parois, sols, planchers.

paille de riz

paille de riz

 

Les avantages d’un isolant biosourcé

La majorité des isolants biosourcés sont des matériaux hygroscopiques, c’est à dire, qu’ils sont capables d’absorber et de restituer une part importante de vapeur d’eau au gré des conditions atmosphériques ambiantes, agissant ainsi comme des régulateurs hygrothermiques naturels, hiver comme été.

Leur masse volumique, exprimée en kilogramme par mètre cube (kg/m3), indique leur densité par unité de volume. Plus l’isolant est dense, plus il aura une capacité de déphasage importante. Or c’est le déphasage qui permet d’évaluer la capacité d’un matériau à ralentir les transferts de chaleur, notamment du rayonnement solaire estival.

Enfin, la nature des fibres d’un isolant biosourcé lui confère de très bonnes caractéristiques d’isolation phonique, une pathologie particulièrement gênante dans des bâtiments collectifs.

 

Quelles solutions pour bien étanchéifier ?

Pour limiter tous ces désordres potentiels, il est important de faire un bon diagnostic de l’ensemble des éléments en présence et d’identifier les problèmes existants ou les points critiques : étanchéité à l’air, migration de la vapeur d’eau, limitation de ponts thermiques, étanchéité à l’eau.

D’autres facteurs vont également entrer en ligne de compte dans le choix d’un système d’isolation. Le climat local, l’orientation et l’environnement du bâti peuvent donner quelques indices sur les risques liés aux vents et à l’humidité.

En rénovation, d’autres éléments sont à prendre en compte comme la structure du bâti (type de parois, isolation, parements,…), l’usage des pièces (eau, nuit, jour) et le système de ventilation en place. Ce dernier sera aussi déterminant pour gérer l’humidité et renouveler l’air intérieur, souvent chargé de polluants.

A partir de ces éléments, il est possible de modéliser un complexe d’isolation en vérifiant son efficacité à l’aide d’une méthode de calcul dynamique, comme celle du logiciel WUFI (chaleur et humidité transitoires) de l’Institut Fraunhofer de physique du bâtiment.

Le plus souvent, l’association d’un isolant biosourcé, ouvert à la diffusion de vapeur et d’un frein-vapeur hygrovariable bien étanchéifié garantit l’intégrité de la construction. Cette membrane permet de freiner la migration de vapeur d’eau en hiver et de laisser sécher vers l’intérieur l’excédent d’humidité en été.

Étanchéité intérieure de l’enveloppe du bâtiment – Pro Clima

Et de manière générale, il faut que l’isolant soit posé sur toute la surface en contact avec le mur, pour limiter les défauts de continuité de l’étanchéité à l’air et des condensations génératrices de points de rosée. Sur la face chaude, il faudra être attentif à tous les raccords (entre lés, aux jonctions de menuiseries et des dalles hautes et basses, dans les prises, …) pour une parfaite étanchéité. Chaque détail compte et doit être traité avec le bon produit au bon endroit.

Sachant qu’il existe une solution pour chaque point singulier pour chaque fabricant, nous vous invitons à venir prendre conseil auprès des professionnels du réseau Nature & Développement. Ils pourront guider votre choix en fonction des éléments structurels, environnementaux et de vos souhaits grâce à leurs outils d’évaluation et leur expérience.

Crédits photos : pro climaCoen Staal (Une) Michael Schaffler,  Samuel Ryde sur Unsplash, pasja1000 sur Pixabay

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