Dans la majorité des cas, isoler un bâtiment pour gagner en efficacité énergétique est la solution idéale. Pourtant, il y a des situations où ce n’est pas toujours possible. On vous détaille quels sont ces cas compliqués et quelles solutions adopter pour améliorer votre confort thermique, notamment avec les enduits à correction thermique.
Faut-il isoler dans tous les cas ?
A cette question, nous aurions tendance à vous répondre oui ! L’isolation est le manteau de votre maison. Elle vous protège du froid, et mieux encore, en faisant le choix de bons isolants (biosourcés), elle vous apportera un confort en été.
Cependant, il existe des cas pour lesquels, il n’est pas possible d’ajouter une isolation :
Un espace insuffisant
C’est la situation la plus courante : votre surface intérieure est trop petite pour ajouter une isolation. Que ce soit en sous-rampant ou sur les murs, il vous faut un minimum de place pour poser l’isolant et son parement (entre 15 et 25 cm). Or, c’est un espace qui n’est pas prévu à l’origine pour l’ajout d’une isolation.
En sous-rampant, le cas typique est la chambre, qui doit faire 9m2 à une hauteur minimale de 1,80m, pour qu’elle soit réglementaire (pensez aussi à l’épaisseur du revêtement de sol). Si vous n’avez pas assez d’espace à l’intérieur, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que relever la toiture et isoler par l’extérieur (technique du sarking). Vous pouvez utiliser des isolants minces (IMR), mais leur efficacité en confort d’été n’est vraiment pas prouvée. Ce qui risque de générer des surchauffes l’été dans une pièce où la paroi est très exposée au soleil.
La solution peut être de rajouter une fenêtre de toit, de type “chien assis” pour agrandir l’espace, s’il vous manque quelques centimètres. Sinon, pour obtenir une surface habitable, il faudra abandonner l’idée et se contenter d’une isolation de comble sur plancher.
Une structure non dimensionnée pour un surpoids
C’est un point qu’on oublie souvent : l’isolation et son parement totalisent un poids que la structure doit pouvoir supporter. Votre charpente doit être dimensionnée pour recevoir la charge supplémentaire d’un isolant (de 4 à 15kg/m2 !) et d’une plaque de plâtre ou d’un OSB ou lambris (10 à 12kg/m2). Sinon, vous risquez d’affaisser la toiture et de générer des risques de fuites d’air, eau et/ou chaleur.
En cas de doute, faites vérifier votre charpente par un expert (couvreur, architecte, bureau d’étude) avant de vous lancer dans ces travaux d’isolation de sous-rampant.
Pour ce qui est des murs, tout dépendra du type de matériaux, et notamment de leur capacité à absorber ou pas l’humidité. Vérifiez aussi leur état, car des traces d’humidité peuvent être signe de désordres, à traiter absolument avant la pose de l’isolant.
Impossible de toucher à l’extérieur
Votre habitation est mitoyenne avec une autre, ou trop proche d’un voisin pour accéder au mur. L’option isolation par l’extérieur (ITE) est donc impossible.
Vous êtes dans une zone classée où se trouve un monument historique. Il y a de fortes chances que les règles d’urbanisme ne vous permettent pas de changer l’aspect extérieur de vos murs, sauf à ajouter un enduit !
Dans ces différents cas, faire le choix d’un enduit correcteur thermique, en intérieur comme en extérieur peut s’avérer la meilleure démarche, surtout si vous souhaitez préserver votre santé, le bâti et l’environnement.
Qu’est-ce qu’un enduit correcteur thermique à effusivité ?
Un correcteur thermique à effusivité est une combinaison de matériaux qui peut être appliquée à une surface pour améliorer son confort thermique.
Pour rappel, le ressenti de confort thermique dépend de plusieurs facteurs :
- de notre niveau d’activité
- des phénomènes de convection (vent, vitesse de l’air)
- de l’hygrométrie relative de l’air
- de la température de l’air
- de la température des parois nous entourant (rayonnement)
Un apport en inertie thermique
Ces correcteurs thermiques sont conçus pour réduire la perte de chaleur et l’irradiation par rayonnement en limitant l’échange thermique entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment.
L’utilisation d’un matériau à faible effusivité thermique (dit « matériau chaud ») est une solution qui permet de couper le rayonnement. Plus un matériau absorbe les calories, plus il est effusif. L’effusivité thermique de l’acier, par exemple, est plus élevée que celle du bois. La masse thermique de ces matériaux est idéale pour conserver la chaleur dans le mur (inertie) et donc réduire l’effet de paroi froide en diffusant de manière homogène les calories captées en surface. Un avantage particulièrement intéressant pour les bâtiments anciens.
Une meilleure régulation hygrométrique
Appliqués sur les murs anciens en pierre ou en pisé, ces correcteurs thermiques, de la constitution de leur matériau (chaux, terre, argile) vont permettre de maintenir une certaine hygrométrie dans l’air. En cas d’évaporation d’eau trop importante dans la pièce, le mur va capter cette humidité et la restituer à l’inverse quand l’air est trop sec.
Peu d’épaisseur pour plus de confort
Ce type de solution va donc répondre aux principales difficultés rencontrées dans les espaces réduits grâce à sa faible épaisseur : de 3 à 5 cm selon la combinaison choisie.
Pas besoin non plus de multiples accessoires pour poser ces correcteurs. Quelques outils suffisent – dont certains peuvent se louer – pour se lancer dans l’application de ces enduits.
Si la préparation de ces mélanges demande un peu d’espace et de temps, leur application n’est pas beaucoup longue que celle d’une peinture.
A noter : l’application de ces enduits correcteurs n’est pas à la portée de tous. Il est vivement conseillé de passer par un stage (1 ou 2 jours) ou un chantier participatif accompagné par un professionnel avant de se lancer dans la pose de ces correcteurs thermiques. Ils seront utiles notamment pour effectuer les bons dosages.
Une correction également acoustique
Certains matériaux au sol (carrelage) comme aux murs (placo, briques plâtrières, parpaing, pierre) ont tendance à générer un effet de résonance dans les pièces.
Ces correcteurs, de par leurs composants, absorbent mieux les sons. Ils apportent ainsi une ambiance sonore plus feutrée, faisant apprécier leur confort phonique.
Un apport en performances thermiques
Il faut bien comprendre que la qualité de ces matériaux est d’apporter du confort, là où d’autres matériaux n’apportent qu’une valeur thermique (sans régulation hygrométrique, sans inertie, ni correction acoustique). Vous gagnerez donc légèrement en consommation d’énergie, si vous maîtrisez votre niveau de température (pas plus de 19/20°).
Quelques valeurs indicatives de performances pour un enduit chaux-chanvre :
- Conductivité : 0,07 à 0,11W/m.K
- Masse volumique : 750 à 850 kg/m3
- Chaleur spécifique : ± 1500 J/kg.K
- Facteur de résistance à la vapeur d’eau : 10 à 13 μ
- Résistance thermique pour 5 cm d’épaisseur : ± 0,45m²K/W
Un bilan carbone inégalable
Lorsqu’on attache une importance à l’impact environnemental et sanitaire des produits utilisés, les enduits correcteurs se placent indiscutablement comme les plus écologiques. Ils sont en effet composés principalement d’ingrédients naturels d’origine géosourcée (terre, sable) et biosourcée (chanvre, paille), sans produit chimique. Ils sont peu transformés dans le processus de fabrication et facilement recyclables en fin de vie. En fonction de la combinaison de matériaux choisis, ces enduits correcteurs atteignent de très bons niveaux de bilan carbone. Le terre paille obtient un des meilleurs bilans grâce à ses matériaux à faible énergie grise, viennent ensuite le terre-chanvre et la chaux-chanvre, pour les plus utilisés.
L’enduit à correction thermique est donc la solution parfaite pour améliorer le confort thermique d’un bâti ancien (pierre, pisé) en intérieur ou s’avérer un bon complément en extérieur, sur des murs en torchis ou en paille par exemple.
Depuis les années 1990, la pratique de la correction thermique s’est développée avec l’arrivée du chaux-chanvre, mais d’autres mélanges ont depuis été expérimentés …
Quelles solutions en correction thermique ?
En fonction de votre cas, il existe forcément une solution adaptée pour apporter une correction thermique naturelle que ce soit en intérieur comme en extérieur.
Quels sont les composants d’un enduit correcteur ?
La composition de ces enduits à correction thermique est basée sur un mélange :
- le liant : c’est l’élément principal qui lui donne son nom. Il s’agit, soit de chaux aérienne ou hydraulique, selon l’usage, soit de terre crue, dont le taux d’argile doit être significatif, soit du plâtre pour certains enduits intérieurs.
- l’eau : facilite le mélange entre les composants, pour former une pâte qui sert à agglutiner l’agrégat.
- l’agrégat donne sa couleur ou sa texture à l’enduit. Il s’agit de minéraux, tels que du sable ou de la poussière de marbre.
- l’adjuvant : il va modifier l’aspect esthétique de l’enduit : fibres végétales (chanvre, liège, paille) ou animales, gravier, éclats de verre, mica, etc. Ces adjuvants sont utilisés principalement pour des enduits de finition intérieure.
A savoir : quelle différence entre chaux aérienne et chaux hydrolienne ?
La principale différence entre la chaux aérienne et la chaux hydraulique est la température de cuisson. La chaux aérienne est obtenue à partir de calcaire très pur et est cuite à une température inférieure à 900°C. Elle s’utilise principalement pour les finitions intérieures et durcit lentement au contact de l’air. La chaux hydraulique, quant à elle, est cuite à une température supérieure à 900°C et contient entre 5 et 30% d’argile. Elle est principalement utilisée pour les gros enduits ou la maçonnerie et peut être réalisée dans l’humidité ou au contact de l’eau.
Enduits à correction thermique intérieur
Aujourd’hui, on trouve une large gamme d’enduits correcteurs thermiques pour les murs intérieurs. Ces enduits naturels sont classés selon trois types principaux :
- les enduits à base de chaux et un adjuvant végétal (chanvre, liège, paille)
- les enduits à base de chaux avec agrégat minéral (plâtre, pouzzolane, poudre de marbre, …)
- les enduits à base de terre argileuse et un adjuvant végétal (chanvre, liège, paille)
A cela, on peut ajouter le ciment naturel Prompt, composé de calcaire argileux sans ajout, qui est cuit à basse température, comme la chaux.
Vous pouvez, soit composer vous-même votre enduit avec les ingrédients choisis, soit acheter des mélanges prêts à l’emploi, comme l’enduit à base d’argile Isol’argilus, l’enduit enduit chaux-pouzzolane Thermotillia ou l’enduit liège à projeter Soliège.
La pose des enduits naturels à correction thermique d’intérieur :
De manière générale, la pose d’un enduit à correction thermique demande une préparation minutieuse en 3 étapes. La première couche, appelée « gobetis« , sert à fixer l’enduit et est faite à la truelle. Il s’agit d’une couche rugueuse et peu épaisse (de 5 à 7 mm). La deuxième couche est appliquée avec la taloche et tend à unifier les reliefs du mur. La troisième couche est faite à la lisseuse et permet d’obtenir une surface lisse. Avant de commencer l’application, il est important de nettoyer le mur des poussières et de toute application d’enduit précédent et de l’humidifier.
A noter : certains enduits naturels décoratifs, sans atteindre des niveaux de performances thermiques exceptionnels, permettent toutefois d’améliorer les caractéristiques acoustiques et hygrométriques d’une pièce. C’est le cas de certains enduits à la chaux, comme le tadelakt (à base de chaux marocaine) ou le stuc.
Enduit à correction thermique extérieur
La terre a longtemps été utilisée pour parer les murs de maisons anciennes, tel le torchis qu’on plaçait dans l’ossature bois pour isoler les murs ou en plancher.
Si certains de ces enduits naturels sont aujourd’hui désormais des classiques (comme le chaux-chanvre), d’autres sont encore au stade expérimental ou même à inventer ! L’intérêt de ces enduits est de laisser transiter la vapeur d’eau dans les parois sans l’endommager. Cette perspirance confère au mur une meilleure durabilité que des enduits au ciment Portland, notamment sur des murs anciens (pierre, pisé, par exemples).
On peut classer ces enduits correcteurs thermiques d’extérieur en 2 catégories :
- les enduits à base de chaux
- les enduits à base de terre
Là aussi, à vous de composer votre enduit à la carte, en fonction des caractéristiques de vos murs et de leur environnement. Comme pour les enduits intérieurs, il existe aussi quelques kits de préparation de vos enduits tels le Thermolook de PRB
La pose d’un enduit correcteur thermique d’extérieur
Cette opération est un peu plus complexe et nécessite quelques compétences spécifiques. Elle consiste à appliquer, à l’aide de truelle et de taloche, l’enduit allégé par des granulats sur les maçonneries de l’enveloppe du bâtiment. Il est généralement appliqué en 3 à 6 couches successives. La première couche sert à fixer l’enduit et à éviter les fissurations. La seconde couche est utilisée pour unifier les reliefs du mur. La troisième couche permet d’obtenir une bonne finition et une bonne esthétique. Enfin, la quatrième couche, connue sous le nom de couche de finition, est appliquée pour obtenir une surface homogène et soignée.
Si vous cherchez un moyen efficace de rendre votre maison plus éconergétique, alors les enduits à correction thermique valent vraiment la peine d’être considérés. Non seulement ils aident à réguler la température de votre maison, mais ils sont également facile à installer. Si vous souhaitez économiser de l’argent à long terme, alors pourquoi ne pas essayer aujourd’hui ?
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à demander conseil à un professionnel membre du réseau Nature & Développement.
Crédit Photos : Nature & Développement, Наталья Парамонова & VĂN HỒNG PHÚC BÙI de Pixabay
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