Rénovation de niveau passif d’une longère en touraine

Richard est un ancien thermicien qui attache beaucoup d’importance aux performances techniques et à la qualité sanitaire de son habitat. Quand il a acheté cette longère du 19è siècle en Touraine, il a choisi de la rendre la plus efficiente possible tout en utilisant le maximum de matériaux biosourcés. Une démarche écologique au résultat réussi pour cette maison de 185m². Détails et visite de chantier de cette incroyable rénovation énergétique.

Quand Richard a acquis cette maison, il savait que le défi de la rénovation serait de taille. A l’origine sa conception était pertinente, pleine de bon sens : exposée plein sud, des matériaux naturels à forte inertie, aucune ouverture au nord. Cependant, les travaux successifs sont venus dégrader le bâti au fur et à mesure des années, avec notamment, l’ajout d’enduits au ciment (Portland) un peu partout sur les parois intérieures et extérieures des murs en pierre, ainsi qu’au sol. Et les conséquences étaient bien visibles, avec des traces d’humidité partout, et des murs et des sols qui se dégradaient.

Il a donc fallu commencer par retirer tout ce béton pathologique et laisser sécher. Cela a représenté quelques mois de travaux :

  • décroutage des murs intérieurs et extérieur (remplis de clous)
  • démolition du sol (carrelage + dalle) jusqu’à la voûte sur cave
  • démolition plancher poutres
  • évacuation des déchets et gravats (environ 600 m3)

Une fois ces travaux réalisés, Richard a laissé sécher les murs et pris le temps de concevoir son projet, avec l’aide de Nicolas Delbarre, du magasin A2ME, à Nazelles-Negron (Fr-37), comme maître d’œuvre pour la coordination des artisans et le suivi de chantier.

De la conception au gros oeuvre

L’objectif était de garder un maximum de l’édifice d’origine pour profiter de l’inertie des murs en pierre de 34 cm d’épaisseur. Cependant toute l’enveloppe du bâti a été revue pour réduire au maximum les ponts thermiques et supprimer les fuites d’air.

De base, les murs ont été conservés, quelques ouvertures ont été agrandies (pour la création de pièces, pour élargir les fenêtres). Ainsi, la maison était scindée en 2 parties : au sud sur une cave voûtée en pierre, au nord sur des poutres en acier.

Pour l’ajout d’une grande pièce de vie, une extension a été réalisée à partir d’une grange positionnée en prolongement de la longère. Cette extension a nécessité la réfection de la charpente et de la couverture.

Dans le couloir central, raccordant les pièces de nuit au sud et techniques au nord, des fenêtres de toit ont été ajoutées pour donner plus de clarté tout au long de l’année, sans souffrir du soleil, car inclinées légèrement au nord.

Le pan de toiture nord a été complètement refait, charpente en douglas avec un bac acier. La couverture de face sud a été conservée, mais modifiée pour faire un coyau, permettant  d’assurer la continuité de l’isolation façade – toiture. Isolation dont les travaux sur l’enveloppe furent primordiaux…

Rénovation énergétique : atteindre le niveau passif rénovation

On est là dans le cœur de métier de Richard : l’optimisation thermique. Le but étant de couper tous les ponts thermiques et de rendre le plus étanche possible la structure, tout en bénéficiant des atouts du matériau pierre. Pour cela, il était évident de recourir aux matériaux biosourcés, qui permettent à la fois d’apporter des performances thermiques, une régulation hygrothermique, et du confort d’été.

Voici les travaux d’isolation réalisés en :

Plafonds et plancher bois ont été soigneusement filmés avec une membrane hygrovariable (Intello de chez Proclima) pour une étanchéité parfaite à l’air.

* vous retrouverez l’histoire des gaines de la VMC double flux dans la vidéo ci-dessous à 19’22

Si cette chasse aux fuites thermiques était nécessaire, la gestion de l’énergie n’en fut pas moins bien étudiée, avec des solutions qui tendent vers une réduction des consommations.

De gros investissements en gestion de l’énergie

Toujours dans la recherche de la perfection et du Saint-Graal du passif, Richard a mis les moyens pour réduire au maximum ses consommations d’énergie.

Cela commence par la taille inhabituelle du local technique qui contient tous les équipements. Il permet de contenir en premier lieu la pompe à chaleur (PAC Lemasson), raccordée à une géothermie (à 108 m de profondeur). Cette PAC se déclenche en hiver pour alimenter l’échangeur de la ventilation double flux, qui renouvelle en permanence l’air intérieur de la maison.

Le principe de la géothermie

La géothermie verticale est une technique qui utilise la chaleur naturellement présente dans le sous-sol pour chauffer ou rafraîchir un bâtiment. Elle fonctionne en installant des sondes thermiques verticales dans le sol, à une profondeur pouvant atteindre 200 mètres. Ces sondes sont constituées de tubes dans lesquels circule un fluide caloporteur (généralement de l’eau mélangée à un antigel – du glycol). La pompe à chaleur utilise l’énergie thermique du sol pour produire de la chaleur en hiver. Elle fonctionne sur le même principe qu’un réfrigérateur, mais à l’inverse. Le fluide caloporteur circule en circuit fermé dans les sondes et dans l’unité extérieure de la pompe à chaleur. Il ne se mélange jamais avec l’eau du sol ou avec l’air intérieur.

L’été, la géothermie est raccordée directement à l’échangeur (sans passer par la PAC), via une pompe de 15W.  Elle rafraîchit donc l’air pulsé par la ventilation (9° à la sonde en fin d’hiver, rafraîchissement de l’air extérieur soufflé constaté de 40°C à 19°C). Ceci limite ainsi la température intérieure à des niveaux inférieurs à 25°, malgré les canicules. Cela demande toutefois de l’attention au niveau de la gestion via les volets bois et des brises soleil orientables électriques – et des ouvertures, comme pour toute maison.

La VMC double flux Zehnder va aussi renouveler l’air en permanence, régulant ainsi la qualité de l’air intérieur toute l’année. Un point sur lequel Richard attachait aussi beaucoup d’importance.

Côté eau chaude sanitaire, Richard a fait le choix d’un capteur solaire (2 m² de panneau) qui chauffe l’eau (ballon de 200L) grâce au soleil, pour environ 50 % de sa consommation. Pour le reste du temps, c’est la pompe à chaleur qui prend le relais pour chauffer l’eau.

Astuce intéressante, Richard a fait le choix d’un ballon tampon largement dimensionné pour stocker l’eau chauffée par la pompe à chaleur, qui chauffera ainsi la maison tout au long de la journée l’hiver. Cela limite ainsi l’usage de la PAC, l’eau étant une excellente solution de stockage de la chaleur.

Pour gagner en inertie, Richard a fait ajouter dans sa pièce de vie de 2 murs en brique de terre crue. Ces murs créent une masse thermique qui captent les calories du soleil et de l’air le jour en hiver pour les restituer doucement la nuit. Une technique que nous avons détaillée ici.

Richard fait un suivi de ses consommations grâce à 6 compteurs thermiques et 5 compteurs électriques. Il a ainsi mesuré ses besoins de chauffage annuels à 15 kWh/m², soit un niveau inférieur aux exigences du passif rénovation.

De la qualité pour le second oeuvre

Si Richard a fait le choix de matériaux biosourcés pour le gros oeuvre (structure, isolant, enduits, …), il n’a pas fait l’impasse également pour toutes les finitions.

Ainsi, tous les murs intérieurs ont été jointoyés à la chaux, afin de garder leur perspirance.

Le choix des sols a également été soigné :

  • parquet chêne Meister pour les chambres
  • sol en liège Amorim pour le couloir, et les pièces au nord
  • sol bois stratifié Meister sans PVC pour la pièce de vie

Pour les cloisons et plafonds, Richard a préféré les plaques fermacell (plus écologiques et performantes), recouvertes d’une peinture écologique.

Richard a fait également un peu de recyclage de matériaux, notamment pour les linteaux des portes intérieures. Portes en chêne qu’il a fait réaliser par un menuisier local qui a également assurer la pose des menuiseries extérieures, la cuisine et l’escalier d’accès à la cave en double quart tournant.

Le résultat des travaux en images :

Un bilan énergétique très satisfaisant

Si l’objectif était de réduire au maximum ses consommations d’énergie, il est parfaitement réalisé avec un niveau rarement atteint dans ce type de bâti ancien.

Côté investissements pour atteindre ces objectifs, Richard l’avoue lui-même, ce n’est pas rentable à terme si on prend uniquement l’aspect financier (près de 590 000€ de travaux au total). Cependant, l’hôte de cette remarquable maison peut se satisfaire de préserver un bâti, sa santé, de limiter ses consommations d’énergie et de valoriser un bien pour plusieurs générations.

A noter que Richard a bénéficié d’une subvention de la région de 13 000€ pour les performances obtenues et pour le choix des matériaux. (concours “ma maison ECO de la région Centre Val de Loire)

Gageons enfin que Richard et sa femme profitent le plus longtemps possible de sa retraite dans cette magnifique rénovation.

Retrouvez la visite complète de cette rénovation exceptionnelle avec Richard le propriétaire de cette maison dans cette vidéo :

Travaux de rénovation réalisés avec la participation du magasin A2ME à Nazelles Négron (37) et la maîtrise d’œuvre de Nicolas Delbarre. Un grand Merci à Richard Coignard pour sa gentillesse et son accueil lors de la visite de sa maison.

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