Renaud est responsable de 2 magasins d’éco-matériaux. Il attache donc beaucoup d’importance aux performances techniques et à la qualité sanitaire de son habitat. C’est pour ça qu’après avoir éco-rénové une maison ancienne dans l’Eure, pour sa nouvelle maison sur la côte Atlantique (44), il a fait le choix d’une conception bioclimatique et passive toute en matériaux biosourcés. Une démarche écologique au résultat réussi pour cette maison de 170m². Détails et visite de chantier de cette superbe construction moderne tout en bois.
- La genèse du projet
- Une maison bioclimatique et passive
- Les fondations de la maison
- Le système constructif : l’ossature bois
- Le complexe de mur
- Les cloisons et finitions intérieures
- Eau et chauffe eau solaire
- Le renouvellement d’air
- Le chauffage et l’inertie du cube
- La correction acoustique des parois, murs et planchers
- Le bardage bois douglas et la terrasse bois châtaigner
- La bioélectricité pour réduire les ondes
- Bilan de 3 années d’occupation
La genèse du projet
Renaud très bricoleur et habile de ses mains avait déjà rénové un corps de ferme ancienne dans l’Eure et Loire avec un objectif : le rendre passif. Pour des raisons professionnelles, il dû déménager en Loire-Atlantique.
Par chance, il trouva avec sa femme et ses 3 enfants un grand terrain sur une ville côtière, non loin de la mer et d’un de ses magasins. Le terrain présentait la particularité d’avoir beaucoup d’arbres, notamment des pins, que Renaud a essayé de préserver au maximum. Le projet fut donc de construire une maison familiale avec 4 chambres, dont une parentale au rez-de-chaussée, et une deuxième maison mitoyenne, à vocation locative, comprenant 2 chambres à l’étage.
Une maison bioclimatique et passive
Fidèle à ses convictions, et forcément bien informé sur le sujet de l’éco-construction, Renaud entrepris un projet encore plus abouti avec 3 objectifs importants :
- Une maison bioclimatique : dont la conception repose sur une orientation de la maison pour maximiser l’apport solaire passif sur les ouvertures et limiter les pertes au nord. On joue aussi sur l’inertie thermique, avec l’utilisation de matériaux, comme la terre crue. On travaille aussi sur la l’intégration de la végétation autour de la maison pour aider à modérer les températures extérieures. Les arbres (dans ce cas des pins) fournissent de l’ombre en été et laissent passer la lumière en hiver.
- Une maison passive conçue pour minimiser la consommation d’énergie en optimisant l’isolation (avec une forte épaisseur), son étanchéité à l’air et sa ventilation. Elle utilise des techniques de construction avancées pour réduire les besoins en chauffage et en climatisation.
- Une maison saine : dont les matériaux, comme la structure (ossature bois), les isolants (d’origine végétale), les revêtements de sols (parquet, carrelage) ou de murs (enduits, peintures), … sont choisis pour diminuer leur impact environnemental et sur la santé. En majorité des matériaux bio et géosourcés. Le choix de la ventilation va renforcer cet impératif.
Les fondations de la maison
Comme chaque maison neuve, le bâtiment repose sur des fondations. Pour rester dans l’esprit d’un choix de matériaux sains et écologiques, Renaud a préféré un remblai isolant à base de verre cellulaire, du Misapor.
Le sol étant très sablonneux, cette solution présente des caractéristiques idéales :
- il est très léger, ce qui réduit la charge sur le sol sablonneux et minimise les risques de tassement différentiel
- il offre d‘excellentes propriétés d’isolation thermique, aidant à réduire les ponts thermiques au niveau des fondations
- il permet un bon drainage de l’eau, cela aide à prévenir les problèmes liés à l’humidité et à l’accumulation d’eau autour des fondations.
- il est facile à manipuler et à installer, ce qui peut réduire les coûts et le temps de construction.
- il est résistant à la compression et ne se dégrade pas avec le temps. Il est également résistant aux attaques chimiques et biologiques, donc bénéfique à la longévité des structures.
Une fois bien tassé, le Misapor est recouvert d’un radier en béton qui s’affranchit des fondations traditionnelles de mise hors gel et traité en partie périphérique avec un panneau en liège expansé, coupant ainsi tout risque de pont thermique.
Place désormais au système constructif de la maison…
Le système constructif : l’ossature bois
Renaud et sa femme sont des amoureux du bois. Et ça se voit dans toute la maison. Mais ce qu’on ne soupçonne pas, c’est que toute la structure de la maison est en ossature bois. Un système constructif écologique par essence, du fait de sa rapidité de mise en œuvre, de ses caractéristiques thermiques et de la capacité du matériau à capter le carbone pendant toute sa durée de vie.
Le système constructif en ossature bois consiste à utiliser une structure porteuse en bois, composée de montants verticaux régulièrement espacés, qui forment un squelette rempli d’un isolant sur lequel sont fixés des panneaux de contreventement.
Ces montants sont réalisés avec des poutres en I qui présentent l’intérêt de limiter les ponts thermiques, comparé au bois massif, et d’offrir une résistance à toute épreuve. Elle facilite également le passage des gaines techniques.
Toute l’ossature a été préfabriquée en atelier et livrée sur chantier pour une intégration très rapide sur site. 48h00 auront été nécessaires pour lever la maison.
Le complexe de mur
Dans les poutres en I du système constructif, on vient intégrer l’isolant :
- une partie en ouate cellulose insufflée à haute compression. Cette solution est rapide et économique à mettre en oeuvre. En outre, la ouate de cellulose offre des performances thermiques de premier ordre et un faible impact environnemental, car fabriquée à partir de papier recyclé transformé en Bretagne.
- une autre partie en panneau de laine de bois semi-rigide, s’intégrant plus facilement sur les zones plus techniques d’accès. Cet isolant est fabriqué dans les Landes lui aussi à partir de déchets, des plaquettes de bois et offre également de bonnes capacités thermiques.
Sur la partie extérieure, Renaud a fait le choix d’une fibre de bois rigide, recouverte, par sécurité, d’un pare-pluie HPV, en attendant le bardage qui a tardé à être posé.
A l’intérieur, une membrane Intello Pro Clima vient parfaire l’étanchéité à l’air et l’eau de la paroi tout en offrant une capacité de régulation de la vapeur d’eau.
Enfin, quelques parties des parois de la maison, dont l’étage, ont fait l’objet d’une attention particulière pour un traitement à la fois thermique et acoustique, de l’isolant Biofib Trio, un mélange de chanvre, lin et coton, doux au toucher et agréable à travailler.
L’utilisation de tasseaux en bois douglas à l’intérieur est omniprésente pour laisser le passage des gaines électriques, poser les différents revêtements ou servir d’ossature pour les cloisons.
Une attention particulière a été prêtée à la toiture, car une partie est en terrasse, donc zone très sensible à l’humidité. L’isolation a été réalisée en ouate de cellulose (36 à 40 cm) pour toutes les parties en pente. Seule concession, réglementaire, la partie terrasse qui a été isolée en extérieur en polystyrène, recouvert par un EPDM pour parfaire l’étanchéité.
Les cloisons et finitions intérieures
En ce qui concerne les cloisonnements et revêtements, Renaud a tout pensé pour réduire son impact avec des matériaux sains.
Pour les parements intérieurs, 2 choix principaux ont été faits :
- un lambris en pin maritime pour une grande partie nord de la pièce de vie
- des panneaux fermacell, pour le reste de la maison
Focus fermacell : c’est un matériau composé principalement de gypse et de fibres de papier recyclé, offrant un excellent complément en performance thermique et acoustique. Sa capacité à réguler l’humidité et sa composition en font un choix durable et sain pour la construction d’une maison écologique. En plus il permet d’être fixé à l’agrafe rendant très aisé la pose sur une ossature en bois.
Dans le grand rectangle que constitue le rez-de-chaussée, Renaud a eu la bonne idée d’y intégrer en partie centrale un grand cube, légèrement désaxé par rapport aux parois extérieures, de façon à donner une sensation de césure entre les pièces. C’est à la fois un local technique (ventilation, tableaux électriques, chauffe-eau solaire), une buanderie et une réserve.
La particularité de cette pièce est qu’elle est réalisée sur sa partie sud et ouest en brique de terre compressée. Ce mur va capter l’énergie du soleil l’hiver, quand celui-ci est bas pour le restituer ensuite toute la nuit, avant que le poêle à bois à proximité vienne le recharger dans la matinée. Il est aussi un bon régulateur hydrique pour absorber l’excès d’humidité et la restituer quand il fait plus sec.
“Cette pièce est le poumon de la maison”, nous explique Renaud
La partie en BTC a été recouverte d’un enduit en argile de 2 cm d’épaisseur et fini avec une peinture végétale colorée par des pigments naturels, spécifiquement réalisés avec la machine à teinter de Logisain, dont madame a choisi la couleur : terracotta. Le reste de la pièce a été réalisé en panneaux d’argile agrafés sur ossature bois, comme son nom l’indique, qui améliore l’aspect phonique de cette buanderie et, eux aussi très bon régulateurs hydriques et thermiques.
Enfin, pour la partie revêtement du rez-de-chaussée, le couple a choisi un carrelage en grès cérame réalisé à partir de kaolin avec une finition numérisée. Le processus de fabrication limite les déchets qui sont aussitôt réintroduits dans le circuit, les eaux sont recyclées, la production est en partie solaire, lui conférant un excellent bilan environnemental.
Eau et chauffe eau solaire
Toujours dans une démarche écologique de limiter leurs besoins en ressources, Renaud a installé une cuve de récupération d’eau de pluie de 10 m3 enterrée et filtré par un système de filtration par vortex WISY. Cela leur permet de couvrir leurs besoins en eau pour (les WC, le lave linge, …) et évidemment d’arroser leur jardin, dans lequel le potager a une grande importance. Cette filtration efficace nécessite qu’un simple entretien.
Pour chauffer l’eau, les propriétaires ont recours à un chauffe-eau solaire Solar Compaq Matic avec des panneaux placés en toiture qui ne surchauffe jamais grâce à une technologie “auto-vidangeable”. Cela couvre en moyenne 85% de leur consommation annuelle, le reste étant chauffé par une résistance classique. Un très bon investissement sur une technologie low-tech fabriquée en France.
Le renouvellement d’air
Une des exigences du couple est de vivre dans un habitat sain. Même si le choix de matériaux limite l’impact de pollutions intérieures, il faut aussi évacuer l’excès d’humidité et le CO2 qu’on rejette en respirant chaque jour. En outre, la parfaite étanchéité de la maison nécessite qu’on y fasse circuler un air sain au quotidien.
La ventilation double flux s’impose donc à toute maison passive. C’est un système qui assure simultanément l’extraction de l’air vicié et l’insufflation d’air frais dans le bâtiment, tout en récupérant la chaleur de l’air sortant pour préchauffer l’air entrant, améliorant ainsi l’efficacité énergétique.
Placée en partie centrale de la maison (dans le cube), elle bénéficie donc d’une position qui permet à la fois d’optimiser la distribution dans toute la maison (donc les longueurs de gaines) et son efficacité (pour limiter les pertes dûes à la longueur des gaines).
Le chauffage et l’inertie du cube
Comme expliqué ci-dessus, l’enveloppe de la maison étant parfaitement isolée et étanchéifiée, sa conception minutieusement étudiée pour capter les calories du soleil, elle ne nécessite donc que peu de chauffage pour l’hiver. Surtout que la VMC double flux apporte également un complément de calories au niveau de l’échangeur d’air.
Cependant, Renaud est un adepte des sports d’eau et au retour d’une séance hivernale de windsurf, rien de mieux qu’une bonne flambée pour se réchauffer. Il a donc fait installer un poêle à granulés en partie centrale de la maison tout prêt du fameux mur en terre crue.
Ainsi, lorsque le poêle se déclenche au petit matin (vers 5h30), il va chauffer rapidement une grande partie de la maison et le mur en brique de terre, qui va rediffuser la chaleur pendant toute la journée. Astucieux et économique !
Les salles de bains sont toutefois équipées de radiateurs sèche-serviettes à inertie, ces pièces étant un peu plus compliquées à chauffer.
La correction acoustique des parois, murs et planchers
Comme pour les parois, les planchers sont constitués de poutres en I. Tout aussi solides que des poutres pleines (solives en bois ou IPN), elles permettent de passer facilement en travers toutes les gaines techniques (ventilation, électricité, eau, évacuations).
Ce système est aussi très pratique pour la fixation d’un plafond (ici en fermacell) et d’un revêtement, un parquet bois.
Pour gagner en efficacité acoustique, sur le plancher à l’étage, Renaud a réalisé une chape sèche. L’intérêt étant d’éviter tout apport d’eau (comme dans une dalle ciment) qu’il faut évacuer avant de continuer les travaux. Ainsi, il a installé le système nid d’abeilles de fermacell rempli d’un granulé d’égalisation, qui permet d’obtenir des gains phoniques (notamment aux bruits d’impact) pour une très bonne résistance à la compression.
Au rez-de-chaussée, sur la dalle béton, il a été répandu un granulé d’égalisation sur 5 cm d’épaisseur puis une plaque fermacell spéciale sol doublée d’une fibre de bois rigide. Pour couper totalement les points de propagation sur les parois, une fibre de lin est posée en périphérie.
Sur certaines parois, en complément de la ouate de cellulose, la finition a été réalisée avec un panneau Acoustix (mélange d’anas de lin et cellulose), et une plaque fermacell. Cette opération a été doublée sur le mur mitoyen avec la deuxième maison. De quoi atteindre des performances acoustiques parfaites.
Le bardage bois douglas et la terrasse bois châtaigner
Vous l’avez compris, le bois est le matériau phare de cette maison. On peut le retrouver partout, que ce soit au sol (parquet), dans les parois (ossature, doublage, lambris, isolant), dans le plancher (poutre I, panneau fermacell) mais aussi à l’extérieur.
A commencer par le bardage bois réalisé en planches de douglas en pose à couvre-joints. Cette solution est relativement économique à l’achat, mais un peu plus longue et délicate à la pose. Le bardage n’est pas traité, il n’en a pas besoin, laissé grisé naturellement, pour limiter tout traitement du bois.
Enfin, la terrasse est en châtaignier est posée sur plots et lambourdes chêne. Des essences de bois naturellement résistantes en extérieur, et assez faciles à travailler. La ressource est massive mais plus difficile à trouver car peu de scierie le débite. Il faut idéalement le commander bien à l’avance, en hiver pour une pose au printemps.
La bioélectricité pour réduire les ondes
Dès lors qu’on est sensible à l’écologie, on a forcément entendu parlé de l’EHS, l’électrohypersensibilité. C’est un trouble dans lequel une personne présente divers symptômes (maux de tête, fatigue, troubles du sommeil…) attribués à l’exposition à divers champs électromagnétiques (électriques, wifi, bluetooth, CPL, ….).
Le bois n’étant pas le matériau le plus étanche aux ondes, Renaud a donc souhaité diminuer l’impact de ces champs dans sa maison, avec l’aide d’une géobiologue, viviane Robin.
Il a travaillé sur 3 éléments :
Toutes les gaines dans les pièces sensibles (chambres) sont blindées. Ainsi, les têtes de lit, les planchers sont exempts d’ondes néfastes à la santé.
2- l’installation de lampes LED
Le choix des lampes LED (FD Eclairage) s’est porté sur du matériel français de haute qualité, avec une alimentation déportée au tableau électrique. Le fabricant a réalisé toute l’étude d’implantation pour garantir à la fois la qualité de l’éclairage et la réduction des ondes.
3- l’ajout d’interrupteurs sans fils et sans pile
Grâce à la technologie des boutons poussoir sans fil Enocean, plus besoin de gaine et câble. Une simple pression exercée sur le bouton génère un signal radio basse fréquence (non nuisible), qui transmet sans fil une commande à un récepteur (l’allumage d’une lampe par exemple).
Au final, l’impact de tous ces travaux procure plus de sérénité et de confort au quotidien, génère de grosses économies (énergie, eau) tout en préservant la santé de leurs habitants.
Bilan de 3 années d’occupation
N’étant pas à sa première construction, Renaud partait confiant avec ce projet. Si le contexte (vente maison précédente et période Covid) avait toutefois perturbé son ambition de faire réaliser au maximum, l’auto-construction lui a permis de réaliser de belles économies et de gagner en expérience, pour mieux conseiller ses clients et former ses équipes.
Ainsi, Renaud s’en tire pour un budget avoisinant les 1 500€/m2 quand ce type d’habitat bioclimatique, passif et biosourcé dépasse souvent les 2 500€/m2 aujourd’hui.
Côté consommations, il lui faut environ 400kg de granulés pour faire fonctionner le poêle. Pour l’électricité, l’été ses factures tournent autour de 40€/mois hors abonnement et véhicule électrique et double l’hiver.
Mais ce qui toutefois satisfait Renaud et sa famille, c’est la constance du confort thermique et sanitaire été comme hiver.
“On se sent vraiment bien tout au long de l’année”, conclut Renaud.
Visite en vidéo avec Renaud, le propriétaire des lieux :
Merci à Renaud Gille-Naves des magasins Logisain de Houdan (78) et Saint-Hilaire-de-Chaléons (44) pour cette présentation de sa maison en Loire-Atlantique
Crédits Photos : Renaud Gille-Naves et Nature & Développement.
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